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The Devil all the time

The Devil all the time

Réalisateur : Antoine Campos
Scénario : Antoine Campos, Paul Campos
Sortie : 2020
Acteurs : Tom Holland, Eliza Scalen, Jason Clarke, Riley Keough, Robert Pattison
Note du film : 7,5/10

« Celui qui trahit une seule fois ses principes perd la pureté de sa relation avec la vie », Andreï Tarkovski. The Devil all the time, adaptation éponyme du livre de Donald Ray Pollock, dépeint la matérialisation des vices de l’humanité.

 

Dans un coin perdu des Etats-Unis, entre l’Ohio et la Virginie occidentale, le jeune William Russel (Bill Skarsgård) revient de la guerre, traumatisé par des scènes de tortures aussi violentes que choquantes. Dès son retour dans son village natal, à Knockemstiff, le marines épouse une serveuse tout juste rencontrée, Charlotte (Haley Bennet). Ensemble, ils donnent naissance à Arvin (Tom Holland). Cependant, la famille se disloque lorsque Charlotte tombe malade. William entreprend de la sauver, en suppliant Dieu de lui accorder de l’aide. Cet appel divin prend une tournure fanatique, au point de rendre le jeune Arvin orphelin.

 

En parallèle de cette intrigue, le spectateur est invité à suivre les voyages de Carl (Jason Clarke) et de Sandy (Riley Keough). Deux tueurs en série, s’amusant à prendre en autostop des jeunes hommes. Les sévices débutent lorsque Carl oblige la victime à faire l’amour à Sandy. Puis, comme un acte religieux sacrificiel, tue le prétendant avant d’immortaliser le moment en prenant en photo chaque instant du crime.

 

Enfin, l’ultime partie de ce triangle scénaristique porte sur la vie de Lenora (Eliza Scalen), dont la mère a été sacrifiée par le pasteur et mari, Roy Laferty (Harry Melling). Lenora se retrouve orpheline, comme le personnage de Arvin. Ce dernier deviendra alors un frère de substitution pour la jeune fille.

Au sein de cette poupée russe scénaristique, le lien entre chaque intrigue constitue la force de ce thriller. Revers de la médaille, certains arcs scénaristiques sont moins captivants que d’autres. A titre d’exemple, le pan de l’histoire racontant les exactions du shérif Lee Bodecker (Sebastian Stan) coupe la montée en tension de l’histoire principale. Cependant, au sein de ce film tentaculaire, l’intrigue initiale, celle d’Arvin, garde le spectateur en haleine.

 

Jouant avec de nombreux flashbacks, le film garde son fil rouge grâce à la voie de son narrateur ; qui n’est autre que le romancier à l’origine de ce thriller, Donald Ray Pollock. Par son timbre ténébreux et son humour pince sans rire, le narrateur jongle entre 1957 et 1965 : deux dates symboliquement meurtrières.

Cette ville chrétienne – comme abandonnée par Dieu – est prise dans une torpeur malsaine. La mort est omniprésente et une ambiance morbide règne en maître. C’est à cela que le réalisateur, Antoine Campos, excelle en transcrivant un monde pernicieux. La caméra brosse un univers brut et dénué de tout luxe. Par une mise en scène sobre et une lumière naturelle, le cinéaste cherche à tirer de cette histoire une vision largement réaliste. En guise de sous-texte, le film nous rappelle qu’il est malheureusement réel que des individus sombrent dans des actes dramatiques pour leur foi.

 

La religion est ubiquiste dans les motivations des personnages. Hormis Lenora, aucun détenteur de la foi n’est une bonne personne. Les deux pasteurs ou encore Carl, ancien professeur de catéchisme, reproduisent à leurs manières les péchés capitaux. Les figures d’autorités, comme le pasteur ou même le shérif, enfreignent les lois universelles. Ethiquement, le spectateur peut se demander si ces crimes sont fomentés par la religion ou par la perversité de ces individus. Cette portion de territoire américain est galvanisée par l’appel du diable. Le personnage d’Arvin, seul acteur qui cherche la rédemption, doit perpétuellement affronter le mal.

Le long-métrage gagne en splendeur par la richesse de son casting. Tom Holland, plus connu pour son rôle de Spiderman, et Eliza Scalen trouvent une justesse dans leurs rôles d’orphelins victimes des folies de leurs parents. En son rôle de paternel, Bill Skarsgård surprend le spectateur par sa froideur et sa folie grandissante. Jason Clarke et Riley Keough, jouant le duo de meurtriers, fascinent par leurs personnages d’assassins calculateurs. Enfin, le personnage le plus emblématique du film reste le pasteur Teagardin, interprété par Robert Pattison. Manipulateur, fanatique, Pattison brille par son interprétation.

 

The Devil all the time est un thriller qui vaut le coup d’être regardé. Malgré quelques bémols, comme un début difficilement accrocheur et une musique oubliable, le film tisse lentement ses axes narratifs pour conclure en apothéose. Cette création Netflix est certainement la mieux aboutie, plus particulièrement grâce à ces scènes marquantes – comme le sacrifice du père. Si l’expérience vous a plu, Seven de David Fincher peut vous faire garder l’engouement des thrillers. Plus fantastique, It Follow de David Robert Mitchell raconte l’histoire d’une jeune adolescente traquée par un prédateur fantomatique.

Alexandre

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