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Knock at the Cabin

Réalisateur : M. Night Shyamalan
Scénario : M. Night Shyamalan ; Steve Desmond ; Michael Sherman
Sortie : 2023
Acteurs : David Bautista ; Jonathan Groff ; Ben Aldridge ; Nikki Amuka-Bird ; Abby Quinn
Note du film : 3,5/5

Cela fait plus de vingt ans que le réalisateur M. Night Shyamalan jongle entre les ovations et les moqueries. Il a en effet su nous offrir des chefs d’œuvres du cinéma, tels que Sixième Sens (1999), Incassable (2000), ou le très contesté Signes (2002) ; tout en nous délivrant les plus gros flops du box-office, avec des films comme Phénomènes (2008), Avatar le dernier Maître de l’Air (2010), ou l’horrible long-métrage scientologue After Earth (2013). Cette filmographie en dent de scie a valu au metteur en scène cette image de génie déchu, qui reviendra peut-être un jour cueillir le spectateur pour nous faire revivre une expérience fantastique. Knock at the Cabin est-il donc le chant du cygne tant attendu ? Comme toujours avec M. Night Shyamalan, les avis sont divisés.

 

Dans une cabine reculée dans les bois, Éric et Andrew profitent d’un week-end en famille avec leur fille Wen. Ce petit univers enchanteur se retrouve rapidement altéré par l’apparition de Leonard – un ancien enseignant reconverti en messager de Dieu. Il est accompagné de trois religieux zélés, qui ont comme devoir de répandre la parole divine et annoncer l’arrivée imminente de l’Apocalypse. Afin d’empêcher la destruction du monde, ces quatre hérauts annoncent que l’un des membres de la famille rencontrée doit se sacrifier pour sauver l’humanité. Se peut-il que ces dévots disent la vérité ou sont-ce simplement des élucubrations d’individus dégénérés ?

Le cinéma de Shyamalan semble de prime abord sophistiqué et illuminé, mais il s’explique simplement par le thème récurrent de son cinéaste : la croyance en une force supérieure. Toute son œuvre se développe généralement autour de deux personnages opposés thématiquement. On retrouve le cartésien, les pieds sur terre, et l’autre qui admet tout doucement qu’il y a une entité suprême au-dessus de nous (généralement le protagoniste ayant raison). Dans le cas présent, Andrew refuse ardemment cette inexplicable Apocalypse, tandis qu’Éric commence petit à petit à apercevoir les visions de cet événement fatidique.

 

Étant donné que Shyamalan est profondément convaincu par ses valeurs religieuses, il a toujours parsemé son cinéma de ses convictions : la croyance dans les super-héros dans Incassable, l’apparition de forces mystiques dans Phénomènes, et surtout l’arrivée soudaine d’extraterrestres dans Signes. Ce dernier est d’ailleurs souvent cité comme le point de rupture entre le public et l’artiste, puisque l’auteur n’a jamais révélé si l’alien était pacifiste ou non, et si tous les événements du film étaient des miracles ou simplement des hallucinations. Cette fois-ci, pour Knock at the Cabin, Shyamalan décide d’être plus direct dans ses propos. Ainsi, cette famille (l’avatar du spectateur) se retrouve ficelée sur des chaises avec l’obligation d’écouter la parole salvatrice de Leonard. D’un certain point de vue, c’est une allégorie brusque de la salle de cinéma, dont Shyamalan devient l’orateur de ce spectacle.

Knock at the Cabin se définit ainsi comme le miroir déformé de Signes. Les deux films se déroulent dans un endroit isolé, avec la télévision comme seule fenêtre sur le monde extérieur. Toujours dans cette symétrie, le foyer qui semblait initialement idyllique devient rapidement une prison pour ces familles. Pour sûr, les deux longs-métrages réussissent brillamment à exploiter ce sentiment d’enfermement en appuyant les surcadrages et les plans resserrés, amplifiant ainsi cette impression de claustrophobie. Deux points divergent toutefois entre ces deux longs-métrages. Tandis que Signes était une guerre extérieure due à une invasion alien, Knock at the Cabin est une lutte interne symbolisée par un huis clos de 90 minutes et des questionnements moraux personnels. Puis, pour éviter de reproduire le tollé de Signes avec son message final flou, Shyamalan délivre à présent toutes les clés d’informations pour une conclusion très explicite.

 

En effet, pour arriver à cet aboutissement, le cinéaste reprend malheureusement ses travers passés et gonfle certains aspects du scénario avec rudesse. Le public doit absolument y croire et admettre l’existence du surnaturel – quitte à nous forcer à percevoir des signes divins partout. Les dialogues parfois pompeux font également perdre leur saveur aux plans d’une justesse quasi-chirurgicale. On assiste dès lors à une œuvre thématiquement ambitieuse, mais dont la naïveté du réalisateur alourdit le propos principal.  

Pour autant, Shyamalan reste un maître dans sa mise en scène et dans sa direction d’acteur. Jonathan Groff (Eric) surprend allègrement en tant que religieux doutant et Abby Quinn (Adriane) captive par sa prestation de mère de famille désarçonnée. Néanmoins, celui qui estomaque le plus, c’est bel et bien la personne de David Bautista. L’acteur, qui avait déjà prouvé son talent dans Blade Runner 2049 (2017) ou Les Gardiens de la Galaxie (2014), continue d’être une figure impressionnante au sein du paysage cinématographique hollywoodien. Shyamalan décide de filmer cette gigantesque carrure avec une échelle de plan rapproché, et fait en sorte que le personnage de Léonard se transforme en être fragile et vulnérable. Bautista s’approprie incontestablement l’espace et devient inévitable dans cette cabane esseulée.  

 

Dans l’ensemble, Knock at the Cabin n’est tristement pas le chef d’œuvre permettant à M. Night Shyamalan de renaître tel un phénix aux yeux de la critique et du public. Pourtant, cette œuvre profondément spirituelle reste pertinente pour comprendre les thématiques chères à cet auteur. Au sein de la filmographie du cinéaste indien, Knock at the Cabin est définitivement primordial puisqu’il résume la carrière de l’artiste. Il souffre néanmoins des mêmes défauts que ses précédents projets, de quoi ravir les détracteurs de Shyamalan et nourrir leur mépris et méprise du talent de ce metteur en scène.

Alexandre

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