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Quel est le meilleur blockbuster de l’été 2023 ?

Quel est le meilleur blockbuster de l’été 2023 ?

Cela faisait un bon moment que l’été n’avait pas été marqué par une énième sortie d’un film Marvel Studio. De quoi respirer un peu et laisser la franchise de super-héros de côté. Pour autant, la saison estivale reste tout de même propice au divertissement et de nombreux blockbusters viennent alimenter les salles obscures. Pour ce mois de juin-juillet, ce n’est pas moins de quatre films qui sont apparus à l’affiche et qui attisent les passions. De quoi se demander, laquelle de ces œuvres est une nécessité à voir ?

Indiana Jones and the Dial of Destiny
(James Mangold ; 2023)

Papy fait de la résistance ou plutôt la véritable dernière croisade d’Indy après l’échec critique du quatrième opus de la saga. Même si l’ovation de sept minutes à Cannes semblait être de bon augure pour les fans, la réception du film par le public reste timide. Possiblement parce que l’univers d’Indiana Jones a déjà plus de quarante ans et que le public ne réclamait pas réellement une conclusion aux aventures du plus célèbre archéologue du septième art.

 

Ce cinquième long-métrage démarre sur les chapeaux de roues, en faisant revivre la glorieuse époque du personnage : les années 40. Si la technique du deepfake (rajeunissant Harrison Ford de 50 ans) surprend de prime abord, on reste happé par la proposition, et l’action se déroule avec fluidité – glorieusement amplifiée par la musique de John Williams. Puis, par un délicat fondu au noir, l’époque moderne de 1969 nous présente un Indy vieillissant, grincheux, et déphasé avec cette société de plus en plus technologique et hippie. Ce passage touchant du vieil aventurier est néanmoins interrompu par l’arrivée soudaine de sa filleule, Helena, interprétée par Phoebe Wallers-Bridge. Elle le supplie de repartir en expédition pour une toute dernière consécration, faisant ainsi les yeux doux à Jones mais également à l’audience.

 

Malgré une immense réticence, Indy accepte et revêt une dernière fois son costume, son fouet et son chapeau. Malheureusement, la magie s’opère difficilement. Revoir un héros de son enfance est toujours un plaisir, mais ressentir la vieillesse accabler l’acteur nous fait l’effet d’un « [il est] beaucoup trop vieux pour ces conneries ». L’odyssée démarre et reprend ce qui a fait le sel de la saga, sans pour autant réussir à recréer la maestria de Spielberg ou de Lucas. Un surplus de courses-poursuites, des punchlines des anciens films et un scénario calqué sur la trilogie originale sont ainsi réunis pour le rendu final. Certes, tous les Indiana Jones possèdent une structure similaire, mais rendent imperceptible cette ressemblance par une variété de lieux et de personnages. Ce dernier opus appuie lourdement sur cet héritage, qu’il en perd en saveur. Et c’est malheureusement trop peu pour être toujours investi dans l’intrigue. Cela ne retire cependant rien à la sympathie du film, jouant énormément sur le concept de la nostalgie ; et qui rappelle qu’une idée, une franchise appartiennent à une époque et ne correspondent pas toujours aux canons actuels.

Mission Impossible – Dead Reckoning Part 1  (Christopher McQuarrie ; 2023)

Tom Cruise et Christopher McQuarrie, c’est avant tout une grande histoire d’amour. Les deux cinéastes collaborent depuis 2011 (soit Mission Impossible : Protocole Fantôme, dont McQuarrie était le scénariste), et le savant mélange a magnifiquement opéré. McQuarrie propose des scénarios éléphantesques et Tom Cruise est ravi de les produire puis de les jouer sur grand écran. Car depuis les années 2000, l’acteur a compris qu’il ne pourra jamais devenir un acteur à Oscars (à tort ou à raison) et a tout bonnement décidé de devenir le pape des blockbusters. Pari réussi pour le moment puisque la saga Mission Impossible est un succès critique et populaire, et que Top Gun Maverick (Joseph Kosinski ; 2022) a atteint le milliard au box-office.

 

Qu’en est-il de ce septième opus de la saga d’agents secrets ? Tout comme ses prédécesseuses, l’œuvre tente de repousser les limites de l’action au cinéma. Chaque scène doit être iconique et les effets pratiques sont privilégiés pour ressentir l’intensité des combats, la vitesse des courses-poursuites et les cascades de Tom Cruise. D’un point de vue divertissant et attractif, Mission Impossible 7 fonctionne parfaitement et nous donne toujours plus envie de découvrir la prochaine séquence afin de profiter de nouvelles idées de mise en scène – notamment le passage à Rome et la séquence finale dans le train. De plus, le montage reste une des qualités principales de cette saga.  Il est fréquent que le film nous laisse suggérer une idée, pour la désamorcer ou la réfuter ultérieurement. C’est un excellent moyen de jouer avec le spectateur et d’ajouter de l’emphase sur l’aspect double personnalité de nos protagonistes. En somme, la franchise connaît ses codes cinématographiques, qu’elle modernise depuis plus de vingt ans. 

 

Néanmoins, le long-métrage souffre de quelques lacunes, principalement dans son scénario. Outre un premier acte difficile à mettre en place – avec notamment trois séquences d’ouverture avant le générique –, l’histoire est assommante avec les diverses agences d’espionnage, l’attaque d’une IA surpuissante et le background de nombreux nouveaux protagonistes. Tout ceci rend le film laborieusement digeste. Étant donné que l’histoire était initialement prévue pour être d’une durée quatre heures, et que le résultat final a été divisé en deux, il semble que cette première partie nous surcharge de données afin de fluidifier la seconde section de ce diptyque. En espérant que cela est un mal pour un bien et que les pions sont parfaitement placés afin de profiter d’un bouquet final pour le huitième opus.

Oppenheimer
(Christopher Nolan ; 2023)

Cela fait depuis 2021 que le nouveau projet de Christopher Nolan est martelé ici et là : nous promettant un tournage sans effets spéciaux ; risquant de devenir le plus grand film de tous les temps ; et ayant l’ambition de raconter l’une des plus grandes histoires de l’humanité. Beaucoup d’emphases qui surenchérissent l’œuvre avant même qu’elle ne soit sortie en salle. Certes, toutes ces louanges sont à prendre avec des pincettes, mais il faut bien l’avouer que le dernier long-métrage de Christopher Nolan vaut le détour.

 

Il ne fait aucun doute que le réalisateur britannique est un expert dans la mise en scène. Ses plans sont oniriques, proches d’un Terrence Malick, et filment avec grandiose l’histoire tortueuse du physicien Robert Oppenheimer. Campé avec brio par un Cillian Murphy en très grande forme, ce sont plus de trois heures qui relatent sa vie, de son apprentissage de la physique quantique jusqu’à son procès pour une possible conspiration communiste. Une œuvre complète, magnifiquement portée par les compositions de Ludwig Goransson et offrant des paysages sublimes de Los Alamos. Outre ce travail chirurgical, Nolan nous rappelle les dangers de l’hiver nucléaire et appuie cela en pointant l’indifférence des puissances étasuniennes face aux dangers de la bombe atomique. Dans une scène, largement inspirée de Docteur Folamour (Stanley Kubrick ; 1964), un général refuse de détruire Kyoto pour la seule raison que cette ville est celle de sa lune de miel. Une information acerbe (mais potentiellement fausse historiquement), faisant froid dans le dos, et révélant un aspect du mépris que portent les Américains à l’encontre du monde.

 

Malheureusement, Christopher Nolan retombe dans ses travers, le poursuivant depuis Dunkirk (2017) et le départ de son frère à l’écriture. Toujours et encore, les personnages féminins sont tertiaires, voire caricaturaux. Ce long-métrage n’échappe pas à la règle puisque Emily Blunt ou Florence Pugh sont plus des outils scénaristiques que de vraies protagonistes. C’est une tristesse d’avoir deux stradivarius et de ne pas les exploiter à leur plein potentiel. Également, Nolan campe sur son envie de jouer avec le concept de la temporalité et propose encore une fois un montage disparate afin de morceler le temps. Louable pour une œuvre telle qu’Inception (2010) ou bien Tenet (2020), mais il serait temps de rafraîchir la façon de raconter des histoires.

Barbie
(Greta Gerwig ; 2023)

Lorsque Barbie a été annoncé pour cet été 2023, il était légitime de se demander si cette production était un immense coup de pub pour l’entreprise Mattel ou si l’intention était de faire de Barbie une égérie du féminisme ? Maintenant que le film est paru dans les salles obscures, la réponse est affirmative dans les deux cas. En effet, la gigantesque corporation profite de cette adaptation pour faire peau neuve et promouvoir un féminisme populaire et universel.

 

Ouvrir ce long-métrage en reproduisant la séquence d’ouverture de 2001 : Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick ; 1968) permet d’affirmer dès le départ l’expertise de Greta Gerwig dans sa façon de remodeler le jouet cantonné à son image sexiste. Barbie est un film d’auteur (d’autrice dans le cas présent) et possède bel et bien un message politique à véhiculer. La cinéaste s’adonne à la création de ce monde enchanté, avec ses personnages parfaits physiquement comme moralement, et entièrement colorés de rose. Avec beaucoup de plaisir, l’univers de la poupée est tonifiant et rempli d’humour. Un humour chargé en second degré, puisque les nombreuses vannes sont teintées d’attaques contre le patriarcat – notamment à l’encontre des firmes américaines mais également d’un pan du cinéma.  

 

On aborde ici le point crucial de l’œuvre : son message féministe. Pour quelques-uns, les préceptes émancipateurs sont survolés, et pour d’autres ils sont trop exagérés. De toute manière, il est encore difficile actuellement de faire un film féministe sans s’attirer la foudre d’ennuyeux commentaires. Pour autant, le long-métrage est avant tout destiné à un public féminin, et particulièrement à des jeunes femmes. Dans un certain sens, le discours global est simple mais fédérateur. Et le fait que Ken soit « l’antagoniste » de l’histoire repose sur un concept sobre mais rudement efficace. C’est un long-métrage enthousiaste et irradiant de sa bonne humeur. Le seul défaut reste les séquences dans le « monde réel » qui manquent de panache, avec une mise en scène trop basique (tout particulièrement dans l’école). Cette escapade dans la réalité est bien en deçà des énormes efforts apportés à l’univers de Barbie, surtout comparée à l’énergie investie pour les comédies musicales. Si l’on arrive à se mettre prescrire des œillères sur cet objet de consommation grandeur nature pendant plus de deux heures, alors Barbie est une excellente surprise de l’été.

En fin de compte, l’été 2023 cristallise le duel entre films franchisés et métrages indépendants. A l’heure actuelle, Barbie et Oppenheimer raflent tout sur leur passage, prouvant que des productions plus authentiques et avant-gardistes attisent l’intérêt du public. Est-ce simplement une passion estivale ou est-ce le début de la fin des univers cinématographiques dominant le marché audiovisuel ? Toute réponse à cette question ne serait que spéculation pour le moment. Ceci étant dit, même si le thème de cette chronique était basé sur les blockbusters, plusieurs films d’auteurs sont également à l’affiche au cinéma. Voici une petite liste, pour celles et ceux qui ne sont pas friands des films à gros budget :

 

  •   Vers un avenir radieux (Nanni Moretti ; 2023)
  •   Chien de la Casse (Jean-Baptiste Durand ; 2023)
  •   Les Herbes sèches (Nuri Bilge Ceylan ; 2023)
  •   Les filles d’Olfa (Kaouther Ben Hania ; 2023)
  •   Rendez-vous à Tokyo (Daigo Matsui ; 2023)

Alexandre

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