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Memories of Murder

Réalisateur : Bong Joon-Ho
Scénario : Bong Joon-Ho, Shim Sung-Bo
Sortie : 2003
Acteurs : Song Kang-Ho, Kim Sang-Kyung, Jeon Mi-Seon
Note du film : 9/10

En 2019, le monde du cinéma a les yeux rivés sur Parasite de Bong Joon-Ho. Le grand public découvre alors ce film, au fort message politique. Pour autant, Joon-Ho a déjà su traverser les frontières bien avant d’avoir gagner l’oscar du meilleur film. En 2013, il réalise Snowpiercer avec un casting américain, dont le regretté John Hurt. Netflix le recontacte en 2017 pour réaliser le film écologiste qu’est Okja. Dans les années 2010, Bong Joon-Ho s’est fait connaître pour sa maitrise de la violence à l’écran. Sachant allier univers fantastique, critique sociale et comédie satyrique.

 

Cependant le talent de Bong Joon-ho ne démarre pas dès lors qu’il est au service des producteurs hollywoodiens. Le film qui a prouvé le savoir-faire du réalisateur coréen, c’est bien Memories of Murder. Son deuxième long métrage est l’adaptation d’une pièce de théâtre auquel Bong Joon-Ho avait déjà participé à l’écriture. Tout le récit est inspiré de faits réels, reprenant l’histoire d’un tueur qui a sévi en Corée du Sud entre 1986 et 1991.

Dès les premières minutes, le décor est rapidement planté : la mort de la première victime ; une enquête policière tournée en dérision ; un policier benêt. L’inspecteur qui mène l’enquête, Doo-Man Park, brille dès la scène d’introduction par son incompétence. Ce dernier se rend sur la scène du crime en tracteur. Sur place, il est embêté par des enfants. Dont l’un se moque de lui en l’imitant, prouvant qu’il n’est pas de taille pour assumer le poids de cette enquête.

 

L’enquête se révèle être d’une complexité plus importante que prévue. Les policiers ont affaire à un meurtrier, remettant en cause leur manière de procéder. La ligne entre le bien et mal est plus que fracturée. Le tueur se déclare comme un acteur du bien commun, tandis que l’inspecteur de police est prêt à user de la torture pour faire avouer un témoin. Impuissant pour résoudre cette enquête, les policiers défoulent leur faiblesse en usant de la violence.

Dans cette campagne coréenne, Bong Joon-Ho opte pour des cadres larges, montrant des immenses étendues de champs et d’usines en construction. Par ce gigantisme, c’est un sentiment d’abandon qui règne. Loin de la capitale coréen, les personnages comme les spectateurs se retrouvent enfermés dans une bulle. On vit les meurtres, les brutalités et les pires sévices, dans cette région perdue de la Corée sans technologie.

 

Au sein de ce polar, il y a une omniprésence des corps, de la chaire. Que cela soit des cadavres violentés par le sociopathe ou des viandes que mangent les policiers. On ne respire jamais durant ce film car l’ombre du pervers sexuel rode dans cette ville oubliée. Le tueur, lui, n’est dévoilé qu’à la fin. Il est un esprit fantomatique, qui marque son empreinte de partout mais n’est nulle part à la fois.

L’inspecteur Doo-Man Park est ici joué par l’acteur Song Kang-Ho. Celui-ci porte le film avec son jeu si particulier et iconique. Dans Memories of Murder, il séduit par l’évolution de son personnage. Passant d’un homme bourru, voire violent, à un policier au grand cœur voulant impérativement retrouver le tueur.

 

Historiquement lors de la dictature coréenne, le régime avait instauré une censure importante, amputant les critiques politiques dans toutes les productions cinématographiques. Lorsque la république coréenne a été instaurée dans les années 90, le cinéma coréen s’est alors offert une grande liberté d’expression. Grâce au succès de Bong Joon-Ho, la « Nouvelle vague sud-coréenne » s’est popularisée auprès du grand public.

 

Depuis 1993, une nouvelle génération de réalisateurs a donné naissance à ce genre cinématographique. Beaucoup de films tentent de confronter les spectateurs à des univers malsains dans une Corée en pleine mutation. Derrière la recherche d’un psychopathe, les artistes coréens ciblent les problèmes sociaux du pays tout juste sortie de la dictature. Des polars noirs, comme The Chaser ou I saw the Devil, mettent aussi en image la violence viscérale de l’être humain.

Alexandre

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