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Alien – Le 8ème passager

Alien – Le 8ème passager

Réalisateur : Ridley Scott
Scénario : Dan O’Bannon, Walter Hill
Sortie : 1979
Acteurs : Sigourney Weaver, John Hurt, Ian Holm, Harry Dean Stanton
Note du film : 8,5/10

« In space, no one can hear you scream ». Plus de 40 ans après la sortie de Alien au cinéma, il est temps de revenir sur ce chef-d’œuvre horrifique et spatial.

 

En 1974, John Carpenter et Dan O’Bannon réalisent le film Dark Star. Film étudiant à petit budget, O’Bannon fait ses premières armes dans le genre de la Science-Fiction (SF) en racontant l’histoire d’un monstre tuant un groupe de cosmonautes. Après plusieurs années, dépité par de nombreux projets annulés, Dan O’Bannon écrit le scénario amélioré de Dark Star. Nommé au départ Starbeast, le titre est rapidement changé pour Alien.

 

O’Bannon entreprend de vendre l’idée au plus offrant. Après maints discutions avec les différents studios américains, c’est la 20th Century Fox qui acquiert les droits du film. Pour un budget de 8 millions de dollars, ce long-métrage doit devenir un film de monstre percutant. Le but est de créer le prochain blockbuster dans l’espace, après le succès en salle de Star Wars en 1977.

Pour réaliser ce long-métrage, les producteurs contactent Ridley Scott, jeune réalisateur qui a surtout fait ses marques dans la publicité. D’abord rebuté par le scénario, c’est après être allé voir Star Wars trois fois au cinéma que le réalisateur trouve du potentiel dans la SF. Voulant mélanger la finesse de 2001 l’Odyssée de l’espace de Kubrick et le côté futur usé de Star Wars, Ridley Scott insiste sur un autre point essentiel : l’horreur. Ce dernier a comme aspiration de mettre en scène le « Massacre à la tronçonneuse de la science-fiction ».

 

Alien retrace l’histoire de l’équipage du Nostromo faisant route vers la Terre pour livrer une cargaison de minerais. Sur leur chemin, l’ordinateur de bord, « Mother », réveille les sept passagers afin de faire un détour sur une planète inconnue. Etant liés par contrat avec la compagnie qui les paye, l’équipage doit obligatoirement se rendre sur cet astre inhospitalier. Dès leur arrivée sur ladite planète, le groupe doit lutter contre une créature extraterrestre, décimant chaque membre du vaisseau.

 

Pour jouer ces « camionneurs de l’espace », des jeunes acteurs et actrices sont approchés ; leur tâche est de faire vivre au maximum une atmosphère candide pour terminer sur une terreur généralisée à l’intérieur de ce huis clos. Tout juste sortie de Broadway, Sigourney Weaver est contactée pour jouer le rôle de Ripley. Au départ un rôle masculin, les scénaristes ont changé d’avis en cours de route pour surprendre les spectateurs en donnant le rôle principal à une femme.

Entourée par d’autres grands acteurs, comme Ian Holm ou John Hurt, le film a pour ambition de faire voyager le spectateur. Certains décors se veulent titanesques comme pour la planète désolée. A l’inverse, l’essentiel de l’intrigue nous plonge dans les étroits couloirs du Nostromo. Dans cette ambiance claustrophobique, la lumière blanche illumine au départ les murs pour laisser place à des couleur rouges, symbole de mort, et des teintes noires et de bleues, pour dissimuler l’Alien dans la pénombre du vaisseau.

 

Dans ce long-métrage, Ridley Scott excelle par sa maitrise de l’image. L’ensemble du film propose des cadres sobres, presque fixes. Pour s’accélérer au dernier segment du film, où la caméra épaule nous immerge dans l’enfer que vit le personnage de Ripley. Seule face à l’Alien, le Nostromo devient lui aussi un ennemi pour notre héroïne, en tombant au fur et à mesure en ruine. Ce côté « vieillot », à l’instar du Faucon Millenium dans Star Wars, transparait à l’écran par de petits détails, allant des sièges usés dans le cockpit, aux instruments poussiéreux qu’utilise l’équipage pour tuer l’Alien.

 

Afin d’immerger les spectateurs dans l’ambiance oppressante du vaisseau, la production a fait appel à l’artiste allemand H.R Giger. Ce dernier est connu pour son travail fantasmagorique, mélangeant des corps organiques et mécaniques. Giger a pour ordre de rendre la bête la plus terrifiante possible. Giger s’exécute et crée un nouveau type de monstre pour le cinéma. L’ancien design des créatures du XIXe siècle (Dracula, la Momie, ect…) est abandonné pour laisser place à une bête implacable : Entièrement noir, l’Alien est un mélange animal, inspiré du fauve, insectoïde et mécanique.

Etant la représentation des pires vices, l’Alien commet meurtres, massacres et viols. Le monstre, avec son crâne de forme phallique, est une représentation du patriarcat et des violences sexuelles. La bête tue d’abord tous les hommes de l’équipage puis s’attaque aux femmes restantes. Se comportant comme un mâle alpha, l’Alien élimine la pseudo-concurrence masculine pour obtenir ses chances de procréer. D’après les dires de Dan O’Bannon, tout le combat final du dernier acte, opposant Ripley et l’Alien, symbolise la lutte des sexes.

 

Malgré un succès auprès du public à sa sortie en salle, le film rencontre une critique virulente de la part de la presse. Pour l’ensemble, l’aspect technique est félicité. Cependant, certains estiment que le scénario manque de profondeur. Avec le temps, Alien a su gagner ses lettres de noblesses par de nombreuses relectures. La violence sexuelle, thème délicat mais principal, est symbolisé par l’Alien. A cela s’ajoute d’autres enjeux scénaristiques sous-jacents, comme la lutte des classes entre les membres du vaisseau ou une critique des firmes multinationales agissant au mépris de vies humaines. Aux prises entre la guerre du Vietnam et l’affaire du Watergate, Alien cristallise, de manière dissimulée, la perte foi des américains envers les grandes institutions.

 

A l’instar des autres films de monstre des années 60 – 70, Alien est encore loué pour son impact culturel du genre de la SF au cinéma. Hormis de rares scènes datées, ce film est le fruit d’un travail collectif parfaitement mené. Le scénario de Dan O’Bannon, la réalisation de Ridley Scott, le design de H.R Giger et l’ensemble des acteurs ont donné à Alien sa place dans les classiques du cinéma. Si l’expérience du premier Alien vous a plu, il est bon de vous conseiller le reste des films de la quadrilogie. Dans le même esprit, The Thing de John Carpenter reprend le concept du monstre tueur tapis dans l’ombre.  

Alexandre

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