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A scene at the sea

Réalisateur : Takeshi Kitano
Scénario : Takeshi Kitano
Sortie : 1991
Acteurs : Claude Maki, Hiroko Oshima
Note du film : 8,5/10

Avant de débuter cette critique, il est bon de parler de cet immense réalisateur qu’est Takeshi Kitano. Le cinéaste japonais s’est fait reconnaître dans les années 90 par son style si particulier. A l’instar de Martin Scorsese, ce dernier aime retracer au cinéma les guerres de la mafia. Il est un adorateur des long plans séquences qui se terminent de manière sèche. Son humour peut être qualifié de pince sans rire. Son jeu d’acteur est aussi atypique. Kitano se caractérise par son visage inexpressif pour que, je cite : « le spectateur ressente ses propres émotions à travers mon personnage ».

 

A scene at the sea est le troisième film du réalisateur japonais. Ce qui est flagrant avec ce métrage, c’est qu’il est aux antipodes des autres œuvres de Takeshi Kitano. On quitte les conflits entre les clans yakuza, pour une histoire intimiste. Le film nous montre un côté romantique, voire sensible du réalisateur. Lui qui était tant critiqué pour son extrême violence dans ses précédents films.

 

Ici, on suit l’histoire d’un jeune éboueur, Shigeru, sourd et muet, qui trouve une planche de surf cassée. Il se prend comme idée de la réparer et de l’essayer sur la mer. Les débuts sont évidemment difficiles pour le jeune homme. Cependant, il est soutenu par le regard émerveillé de Takako, sa petite amie, elle aussi sourde et muette.

Directement, le film nous fait aimer les deux personnages principaux. Ils sont d’abord raillés, éloignés, parfois violentés à cause de leur handicap. La force du film est la ténacité de Shigeru. Il prouve son talent au surf, malgré son désavantage. Par sa témérité, il réussit même à rentrer dans une équipe de surf et à participer à une compétition régionale. Kitano offre là un hymne à l’acceptation de l’autre.

 

Pour ce qui est de la mise en scène, Kitano filme des étendues de plage que l’on peut qualifier « d’industrielles ». Le sable paraît gris et non jaune. Pourtant, aux yeux des personnages principaux, cette plage gagne un certain charme. Les deux ressentent la mer différemment. Pour eux, le son des vagues n’existe pas. Seul le contact avec l’océan a une réelle importance. Sans le bruit marin, la plage serait moins berçante et captivante. Pour nos héros, leurs perceptions leurs donnent une vision plus mystifiée de la mer.

 

Tout le reste du film nous offre des lieux urbains. Le port, les allées commerçantes, les grandes routes sont baignées dans une ambiance de pollution. Les couleurs font ressortir ce ton si terne. Kitano a demandé à éviter des couleurs trop chaudes. Pour lui, le côté urbain et pollué devait être flagrant à l’écran. Le « bleu Kitano » est apparu à partir de ce film et fait désormais parti intégrante de son cinéma.

Musicalement, le film s’offre une bande originale composée par Joe Hisaishi. Plus connu pour son travail avec le Studio Ghibli, dans A scene at the sea, le compositeur nous offre un ensemble de musique apaisante. La composition se veut douce, accompagnant les exploits de Shigeru sur la mer. Le morceau Silent Love reste la mélodie qui accompagne les personnages comme les spectateurs. Avoué par Kitano, le film fonctionne par la musique de Joe Hisaishi. Le compositeur et le cinéaste ont entrepris un long travail de collaboration, jusqu’en 2002, avec le film Dolls.

 

Après deux films qui ont reçu un accueil mitigé, A scene at the sea connait un grand succès au Japon. Kitano fut acclamé pour sa réalisation et Joe Hisaishi pour sa musique. C’est avec son quatrième film, Sonatine, que le réalisateur japonais s’est fait remarquer à l’international, notamment en France. D’autres succès ont suivi, comme Hana-Bi ou encore Zatoichi. C’est avec un grand encouragement que je vous conseille de découvrir la filmographie de Takeshi Kitano.

Alexandre

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