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The Batman

Réalisateur : Matt Reeves
Scénario : Matt Reeves ; Peter Craig
Sortie : 2022
Acteurs : Robert Pattinson ; Zoë Kravitz ; Paul Dano ; Colin Farrell ; Jeffrey Wright
Note du film : 4,5/5

Étrange objet cinématographique qu’est The Batman. Puissant, sombre, le film de Matt Reeves est définitivement une œuvre qui divise les foules. Entre les dévots de Christopher Nolan et les nostalgiques du travail de Tim Burton, The Batman tente de s’imposer dans une arène cinématographique surchargée. Malgré un lourd héritage et des concurrents de taille, ce long métrage possède une identité particulière qui ne laisse pas indifférent.

 

Gotham est une ville moribonde. La délinquance est omniprésente, les inégalités sont croissantes et la corruption est monnaie courante. Pourtant, depuis deux ans, un vengeur masqué a fait son apparition dans les allées sombres de la métropole. Malgré ses efforts pour stopper la criminalité, le chevalier noir doit faire face à un tueur en série qui a décidé d’assassiner les puissants de Gotham. Nommé Riddler, ce meurtrier affirme vouloir rétablir la vérité et faire tomber les masques – au prix de nombreuses vies humaines.

Un film Noir. Voilà ce qui caractérise ce Batman de Matt Reeves. C’est sur une voix-off du détective (poncif du genre) que le film s’ouvre en nous présentant Gotham et son vengeur masqué. Par une efficacité de mise en scène, le « meilleur détective du monde » se dévoile comme un homme désabusé, cherchant plus la violence que la justice. Entre le réalisme de Nolan et la noirceur de Frank Miller (pour son comics Batman : Year One), c’est bel et bien le travail de David Fincher qui inspire grandement cette œuvre filmique. Cette enquête perverse devient le fil conducteur du récit et le malsain jalonne toute l’investigation – faisant écho à l’histoire de Seven (1995) ou du tueur du Zodiac (2007). En somme, The Batman assoit son caractère de film d’auteur, en piochant dans de multiples références cinéphiliques.

 

C’est assurément une obscurité complète qui plane sur Gotham mais également sur l’homme chauve-souris. Cette fois-ci, le personnage est au bord du gouffre à chaque instant. Tandis que les œuvres précédentes présentaient le chevalier noir comme un homme intègre, cette version Batman semble être sur le point de flancher à tout moment. En effet, la vengeance – thème principal du film – est à la fois le fer de lance du Riddler et de notre héros. Les deux sont continuellement mis en parallèle, par une mise en scène en miroir, et leur lutte respective entretient une frontière poreuse. Par des dialogues puissants, Matt Reeves nous laisse comprendre qu’une croisade idéologique peut rapidement tourner en vendetta personnelle.

The Batman est un produit singulier. D’une durée de trois heures, ce choix peut décontenancer certains spectateurs. Certes, la longueur peut être un défaut du film. Pour autant, emporté par le récit, on ne peut qu’être surpris par les décisions artistiques de Matt Reeves. Tandis que les films de Nolan affirmaient que le peuple de Gotham était un bloc face à la corruption, cette œuvre cristallise la désillusion d’une communauté – certes terriblement nihiliste – envers le système. Même si Batman tente d’être un totem cathartique de tout un peuple, le dernier acte du film contrebalance avec cette perception idéaliste et offre son lot d’images perturbantes.

 

Au-delà du discours pessimiste, la splendeur de The Batman réside pour ses qualités indéniables – se détachant de la concurrence super-héroïque. Au détour de scènes d’actions percutantes et limpides (notamment la course poursuite entre Batman et le Pingouin), tout est magnifié par un casting splendide. Zoë Kravitz, Colin Farrell (méconnaissable dans son costume) ou encore Jeffrey Wright offrent une nouvelle perception de leur personnage et tous brillent lors de leurs scènes respectives. Enfin, le point d’orgue réside dans la prestation de Robert Pattinson. Pourtant décrié pour ce choix de casting, l’acteur offre un aspect de sale gosse de riche, vivant reclus dans sa cave, et collant parfaitement à ce qu’est Bruce Wayne. Lors de sa première apparition en chevalier noir, l’image d’un justicier ultra-violent et vulnérable – que la caméra de Matt Reeves réussit sublimement à capter – emporte le récit vers le gouffre de son état d’âme.

Pourtant, après autant d’attente depuis son annonce et trois heures en salle, on peut se demander quel est l’avenir de ce film. Alors que l’écurie Marvel prévoit un avenir radieux pour les vingt prochaines années, DC comics paraît indécis sur sa propre franchise (auparavant poule aux œufs d’or). En effet, depuis dix ans, ce sont plus de trois Bruce Wayne qui se sont enchaînés sur grand écran – et avec cela trois différents Joker (voire même un quatrième en perspective). Sachant qu’un reboot est possible à chaque instant, on peut spéculer et se dire que ce chevalier noir est une énième création (malheureusement) sans avenir. Si le film enclenche une nouvelle trilogie, alors c’est un travail de fond qui s’amorce et l’œuvre pourra rivaliser avec celle de Nolan. A l’inverse, si tout s’arrête si brutalement, The Batman aura été un coup d’éclat éphémère.

Alexandre

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