Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Dune

Réalisateur : Denis Villeneuve
Scénario : Denis Villeneuve ; Eric Roth ; Jon Spaihts
Sortie : 2021
Acteurs : Timothée Chalamet ; Rebecca Ferguson ; Oscar Isaac ; Josh Brolin ; Zendaya ; Jason Momoa
Note du film : 4,5/5

Le roman de Franck Herbert Dune (1965), a longtemps été considéré comme impossible à adapter sur grand écran. Plusieurs réalisateurs ont tenté de mettre en scène ce classique de la science-fiction, et tous ont échoué dans cette entreprise. On pense notamment à Alejandro Jodorowsky et Ridley Scott. En 1984, c’est David Lynch qui a eu l’opportunité de nous emmener sur la lointaine planète d’Arrakis. Néanmoins, les 2h10 de long-métrage n’ont pas été suffisantes pour restituer fidèlement les 900 pages du roman, et le film a été un échec commercial et critique.

 

C’est ainsi que pendant 30 ans, Dune est resté une franchise de niche pour les amoureux de la science-fiction. C’est à partir de 2017 que le projet refait surface avec Denis Villeneuve en tant que réalisateur. Après une longue attente due à la pandémie, l’expédition vers la planète-désert est enfin possible.

 

Dune raconte l’histoire de Paul Atréides, fils du duc Leto et de dame Jessica. Il est l’héritier d’une grande dynastie et son avenir le prépare à être l’élu d’un peuple ; une destinée qui le dépasse. Sa famille a comme mission de partir sur la planète Arrakis, abandonnée par les Harkonnens. Cette planète est le seul endroit de l’univers où il est possible de récolter l’Epice. Ce produit est à la fois une drogue hallucinogène et un carburant très recherché pour la navigation spatiale. Arrivés sur ces lieux, la campagne coloniale s’avère être un complot fomenté par l’empereur et les Harkonnens pour détruire la famille Atréides.

Sans aucun doute, Dune est une œuvre abondante en informations. Si l’intrigue du film est simple, c’est l’univers qui l’entoure qui donne à ce long métrage toute sa richesse. Le récit regorge de détails, avec toutes ses familles, ses planètes et ses civilisations – dont le peuple d’Arrakis, les Fremens. Cet immense univers est dépeint en une trentaine de minutes avec une telle efficacité qu’il est ensuite aisé de comprendre les enjeux politiques de chaque maison – et ainsi comprendre pourquoi la planète est un trésor convoité par tous.

 

Dès lors que les enjeux sont installés, le film prend son envol pour cette planète désertique. Déjà élégante, la réalisation devient alors un travail de splendeur et de gigantisme. Denis Villeneuve excelle dans l’illustration d’un monde futuriste, où le grandiose prévaut. Après Blade Runner 2049 (2018), Dune est l’occasion de réaffirmer son talent dans le genre de la science-fiction.

 

Ce qui interloque le plus, c’est le rapport d’échelle qui existe au sein du long métrage. Dès l’apparition des premiers vaisseaux spatiaux, le titanesque est palpable. Le réalisateur appuie ce gigantisme par l’incrustation de plus petits vaisseaux et de légions de soldats, qui paraissent si minuscules à côté de ces immenses astronefs de la taille de montagnes. En ce sens, se rendre en salle est le meilleur moyen de profiter pleinement de cette expérience cinématographique de grandeur, permise par l’exploitation du scope (un format de l’image 2,35 : 1)

La planète Arrakis est un lieu où le danger est omniprésent. Grâce au montage de Joe Walker (collaborateur de Denis Villeneuve depuis Sicario ; 2015), ce sentiment de menace est transmis aux spectateurs. La séquence de la découverte des moissonneuses – machines extrayant la fameuse Epice – souligne cette prouesse. La séquence débute par le survol de ces extracteurs et ce voyage nous invite à contempler cet océan désertique. Mais la tension prend instantanément son envol lors d’une attaque de ver des sables. La frénésie de l’assaut de cette créature, mêlée aux visions de Paul, offre un montage aussi puissant que limpide.

 

Et cela n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Chaque séquence reçoit le même traitement de qualité. Certaines scènes de dialogue sont d’une grande tranquillité et installent passivement le spectateur dans cette intrigue intergalactique – comme le repas de Paul et Jessica. De même, de nombreuses scènes sont contemplatives, nous laissant profiter de la splendeur de ce monde aride.

 

En somme, dans le montage comme dans l’univers dépeint, Dune est une horloge millimétrée. Les costumes, les boucliers personnels ou même les chorégraphies appuient la perfection de cette création filmique. L’œuvre est également magnifiée grâce aux musiques composées par Hans Zimmer, et aux chants soulignant l’identité propre de chaque culture : gutturaux pour les Harkonnens et chamaniques pour les Fremens.

 

Enfin, pour ce genre de long-métrage, il est impossible de ne pas aborder les effets spéciaux. Pour un film de cette envergure la CGI (Computer Generated Imagery) est irréprochable. Le sable en mouvement parait notamment très réaliste. Ce Sahara spatial prend des allures inquiétantes lors des tempêtes destructrices et des confrontations face aux vers des sables. Hors de ce désert abandonné, les villes deviennent un refuge face à ce monde hostile. Les villes visitées sont plus qu’utopiques ; on pense notamment à la capitale d’Arrakis, qui ressemble à une Néo Babylone.

Le dernier point à traiter est l’ensemble du casting. Oscar Isaac offre une prestation sobre et humaniste dans ce rôle de ce duc fourvoyé. Rebecca Ferguson donne dans ce long-métrage la meilleure performance du film. Ce lien étroit qu’elle possède avec Paul est bouleversant, plus particulièrement lors de la scène d’examen que son fils doit accomplir. Enfin, pour conclure ce trio de tête, Timothée Chalamet qui interprète le personnage de Paul. Au sein de l’ouvrage, ce jeune homme est un protagoniste idéaliste mais surtout apathique. Pourtant, dans cette version de Dune, T. Chalamet arrive à rendre ce héros attachant en proposant quelques traits d’humour et commentaires humanistes. Même si les détracteurs étaient nombreux, l’acteur a prouvé qu’il était un excellent choix pour cet héritier à l’avenir messianique.

 

Pour le reste du casting, même s’ils collent dans l’ensemble à leur rôle, leur faible présence à l’écran rend ces protagonistes presque tertiaires. Jason Momoa et Josh Brolin sont excellents en guerriers combattant corps et âme pour la famille du duc Leto, mais ils sont rapidement mis de côté pour laisser place au cœur du film : la maison Atréides. On souhaite pouvoir plus profiter de ces autres personnages pour l’éventuelle suite de Dune. On pense surtout à la mystérieuse jeune femme jouée par Zendaya, apparaissant si peu à l’écran dans cette première partie, et que l’on voudrait d’avantage découvrir dans le prochain volet.

L’unique détail à discuter par rapport à Dune, c’est sa fin. En effet, l’idée de découper cette œuvre littéraire en deux parties est une nécessité pour fluidifier le récit, puisque l’épopée de la famille Atréides est avant tout pensée pour être un diptyque. Pour autant, on a l’impression que le long-métrage s’étire sur la longueur. Comme si le film était conscient qu’une suite ne verra peut-être jamais le jour et qu’il faut impérativement en montrer le plus possible. Même si la scène finale est joliment orchestrée, elle ne correspond aucunement à une séquence qui clos somptueusement un film de cette ampleur. Après avoir tant dévoilé, les réponses à nos questions resteront en suspens un bon moment.

 

Malgré cette remarque, Dune est un film réussi. Un pari risqué qui parvient à emporter le spectateur dans une fresque spatiale. Néanmoins, un fardeau plane au dessus du réalisateur canadien. En effet, Denis Villeneuve avait déjà tenté de relancer une licence de science-fiction avec le film Blade Runner 2049. Ce long métrage a connu un échec commercial et a malheureusement entériné la saga pendant encore un bon moment. Actuellement, la question est de savoir si Dune va connaître le même destin que son prédécesseur. Etant donné qu’un second opus est censé clôturer l’histoire de Paul, c’est le succès au box-office qui décidera du futur.

 

Pour terminer cette critique, c’est un conseil, non pas cinématographique mais littéraire que la rédaction propose : la lecture du livre Dune. Une œuvre majeure, qui, avec l’œuvre Fondation d’Isaac Asimov, a inspiré la science-fiction que l’on connaît aujourd’hui, et notamment les sagas Star Wars, Alien, Star Trek, etc…

Alexandre

Partager cette critique

Laissez votre commentaire

Les commentaires sont fermés.

Les dernières critiques

Actualité

Knock at the Cabin

Cela fait plus de vingt ans que le réalisateur M. Night Shyamalan jongle entre les ovations et les moqueries. Il a en effet su nous

Lire la suite
Critique

Bilan 2022

L’année 2022 se clôture, et plus de 300 films sont parus dans nos salles obscures. Malheureusement, ce chiffre n’a pas suffi à électriser les foules,

Lire la suite

Découvrez notre dernière critique